dimanche 11 décembre 2016

Réflexions de tempête


Après maintes souffrances et conjectures, je déguste un verre de vin blanc pour relaxer. J’ai tamisé les lumières, allumé les bougies. C’est féérique dehors. Les cloches de l’église tintent, la neige danse dans la lumière du lampadaire, les guirlandes scintillent. Magique. 
L’amour est cruel. Mon amour est cruel. Celui que je ressens, qui me fait vibrer. Je ne me sens vivante que par une certaine souffrance, j’en ressens davantage le plaisir par contraste. J’aime, je brûle, je brûle, je palpite, je me consume. Aucune demi-mesure. Le vent souffle, les flocons dansent allègres. Je ne sais pas si je suis heureuse, mais en cet instant précis, je suis en paix. Une quiétude, une tiédeur m’habite. Plus de souffrance, plus de questions. Rien que l’instant présent, même si ce n’est que pour un bref répit. Gainsbourg. Encore. Toujours. La nuit dernière, je rêvais que je lui faisais l’amour…Est-il possible que son esprit ait entendu l’appel du mien? Qu’en songe, il soit venu me visiter, il m’obsède tellement. 
Sea. Sex. And Sun. 
Mr Iceberg. 
Sensualité exacerbée. J’aime. Je sens. Je brûle. Je me consume, je palpite pour mon amant. La neige pleut sur mon décor. Recouvre la chaussée. Les voitures se font rares. Les paillettes multicolores flashent de l’autre côté de l’étendue immaculée. Les branches chétives ploient sous leur nouveau fardeau. On croirait à un soir de tempête. Si romantique. La froidure tombe tandis que le vin laisse une traînée de feu sur ma langue, le long de ma gorge jusqu’au creux de mes reins. J’attends mon amant. En buvant. En contemplant la folle danse des flocons, ces milliers d’orphelins gelés. Oh, comme j’oubliai les jouissances de décembre. Les papillons noirs. Qu’ils disparaissent à jamais. De mille feux les pierreries de ces femmes que j’imagine vouloir te séduire. Toutes griffes dehors. Les eaux troubles glissent, je me retrouve complètement noire. Alors je vois sur ma chemise fendue jusqu’au coeur un papillon noir. La basse me remue au ventre, le bas-ventre de ma noirceur. Les échos de la voix morte de Gainsbourg se mêlent à ceux grinçants de ma plume qui court sur le papier.
Un homme seul marche habillé comme à l’habitude, il erre dans la tempête, blanchi par les flocons. Sa solitude me transperce. Aujourd’hui, hier, demain, été, automne, hiver. Toujours la même solitude qui passe infatigable sous mes fenêtres. Le disque s’effrite. Ma plume se lasse. Depuis combien d’années déjà est-elle ma compagne? 
Douze ans. Douze ans. J’avais treize ans. Comme ils semblent déjà bien loin mes treize ans. Se sont d’autres pages que je noircissais alors. Avec des stylos pailletés que je choisissais avec soin. Multicolores dans des cahiers tout aussi extravagants. Aujourd’hui, je préfère la discrétion, l’élégance du Moleskine et de la plume. 

Je dois mettre fin à mes rêveries. Voilà mon amant.   

lundi 5 décembre 2016

Paris, mes amours


Te souvient-il de cet après-midi-là? J’étais au café, assise au fond de l’alcôve, à une petite table en marbre ronde, j’écrivais. Ta voix m’a tirée de ma rêverie.
« Un autre café mademoiselle? »
J’ai levé les yeux sur toi. Tu étais si beau, si jeune et si arrogant déjà. Ton air débonnaire, ta démarche assurée.
« Ça ira pour l’instant, merci.
Vous êtes certaine que je ne peux rien pour vous? »
Ce « vous » m’a pris au dépourvu, cette vieille élégance m’a sauté à la gorge. avec tes années de moins, tu t’es propulsé en mon maître. Par ce « vous » j’ai été tienne. Bien plus que ne l’as jamais soupçonné. T’en souvient-il? Nous avons parlé de rien, c’était déjà tout. Tu m’as parlé un peu d’elle, cette autre que j’ai de suite oubliée. Nous nous sommes donné rendez-vous le soir même. Notre première nuit blanche. Nous en aurons deux. Élégant, sobre, tu travaillais tant à me séduire; tu le dissimulais si bien. Oh comme ta main a vite trouvé le chemin de la mienne. Si naturellement, je ne me suis même pas défendue. On a écumé les bars. Tu y as flambé ta paie de la semaine. Tu t’en foutais. On a mangé à Montmartre. Y’avait des anglaises à côté. Tu les as pas vues. Cette nuit-là, y’en a eu que pour moi. 
On a été sages. On a été chastes. Tes lèvres ont frôlé les miennes. Galamment. Bonsoir. 
Je suis retournée à ton café. D’autres sont venus me faire leur cour. Tu as été jaloux. On a commencé à faire parler de nous. Je m’en foutais. On ne m’avait jamais courtisée à la française. Toujours en errance, je n’ai eu que des étrangers. J’ai redécouvert ma patrie en toi, les hommes que je lisais sont devenus tangibles, c’était leur main dans la mienne. Puis, le soir est venu. On a bu, on a dansé, tu m’as emmenée sur les quais, il était quatre heures du matin, t’en souvient-il? Les quais de la Seine illuminés en novembre, nos mains soudées. Comment ai-je fait pour te faire confiance? J’étais une enfant, je t’aurais suivi au bout du monde. Tu t’es contenté de ton appartement. Y’avait encore des cartons dans les coins. Tu venais d’emménager. Je me souviens encore des clameurs dans la ruelle, un deal se scellait. Ton canapé est devenu un lit. Je ne pensais pas à partir. J’étais perdue et retrouvée dans la nuit de Paris. Tu étais nu. Tu fumais comme un autre l’aurait fait en habit. Tu étais nu et tu fumais au lit. Je n’avais jamais rien vu de tel. Comment as-tu pu ignorer ton empire? Ton emprise. Tu aurais fait de moi tout ce qu’il te plaisais. Tu as exploré mon corps. Tu l’as parcouru de tes doigts agiles, de ta langue experte. Nous avons joui sans faire l’amour. Tu n’as pas osé. Tu as respecté quelque chose en moi. C’était ta première fois. Au matin, dans tes bras tu m’as serrée. Tu étais nu. Tu as fumé. Tu ne voulais pas me quitter. Tu m’as raccompagnée. C’était sortir d’un rêve. Lentement. Au rythme des stations du métro parisien. Au coin de la rue, dans le huitième, tu m’as embrassée. Tu es aller bosser. Je ne vous ai jamais revu mon flirt parisien. 
Bien à vous, 
Tendrement, 

E.

mardi 22 novembre 2016

Nostalgie et vin rouge

Me voici. Il fallait que je l’écrive aujourd’hui. Aujourd’hui, pas demain, pas hier, pas dans une seconde, maintenant. 
Il y a un an, jour pour jour, je m’envolais. Une tragédie avait ébranlé mon peuple, mon pays, mes amis, mon coeur, ma nation, ma patrie, ma France qui m’a vue grandir et que j’ai tant aimée, que je chéris dans chaque fibre de mon être. 
Je me suis envolée seule vers toi, vers vous, vers eux, ceux sans visage, aux multiples visages, à ceux qui étaient moi. 
Il y a un an jour pour jour, je me suis envolée. Je me suis assise dans un café, entourée de cet accent qui chante pour moi, de ces grains noirs pressés qui sentent le cuir, le vieux bois, le passé. Les pavés luisaient par la vitrine embuée d’une fin d’après-midi. 
Je t’avais rencontré mon amour, mais il y a un an, je ne savais pas. Il y a un an, je vivais l’instant présent, je renaissais par le choc de ma propre culture. Je déambulais sur le boulevard Montparnasse et je ne songeais pas à toi. Je ne pensais qu’à mon pays que je redécouvrais, qui m’avait tant manqué. Aujourd’hui, je suis à un croisement de ma vie. Je suis là, au bar d’un autre café, à six mille kilomètres de là, et je me meurs de n’y être plus qu’en pensée avec moi-même. Avec cette nostalgie déchirante d’un passé révolu. J’ai eu vingt-cinq ans. J’ai eu vingt-cinq et il me semble que déjà je ne vis plus. Je survis. Je dors à peine, je ne mange plus, je bois trop, sans plaisir, je lis des mots, des phrases qui n’ont aucun sens. Je pleure. Je pleure beaucoup. Et je songe à ce voyage qui n’aurait jamais dû s’achever. Et maintenant quoi? 
La neige s’est couchée sur les trottoirs. L’automne fait place à l’hiver et je crains qu’il ne me glace aussi, m’emprisonne avec lui, ne dévore le peu de coeur qu’il me reste. 
Je veux revenir. J’ai peur de revenir. J’ai peur de rester. Où est l’issue? En moi-même. Pourtant, je ne vois que désolation, regret, poussière amassée des joies vieilles d’un an. Oui mon amour, tu m’en donnes des joies nouvelles. Elles s’avèrent amères, éphémères. Trop vite estompées. Je revois le temps, le soleil gris, les bâtiments grandioses qui s’élevaient comme autant de tours de Babel, la Seine aux milles reflets, Orsay grandiose qui m’accueillait du sourire de ses balustrades. Et la Sorbonne… et toujours, je reviens à ce petit café où je t’ai écrit. 8e arrondissement. 

Comme je t’ai rêvé dans ce café mon amour. Tu n’existais pas, et pourtant je te devinais déjà sous les traits d’un autre, de ces dizaines d’autres qui ont dû naviguer sur mon corps pour te céder la place. Cela n’a plus vraiment d’importance. C’est ta conquête qui m’a gardée en vie. Je me trouve au fait accompli. La conquête est achevée, je repense qu’il y a un an j’étais heureuse. Il y a un an, j’ai risqué, j’ai osé, il y a un an, je me suis jetée. Où est mon tremplin? Donnez-moi un tremplin que je me jette corps et âme dans les bras de ce pays que l’on m’arrache, dans les griffes de ces milliers de mots, de récits et des pages qui m’obsèdent. Ramenez-moi mon instinct. Ramenez-moi le désir de sauver ma peau, de l’amener dans des lieux où l’horizon se déchire, se réinvente à chaque brise. 
Rendez-moi l’envie de vivre. Rendez-moi l’envie de vivre. 


mardi 1 novembre 2016

Un appartement peint de frais

Novembre. La pluie bien sûr. Elle est nécessaire pour s’accorder avec ma vie. Il fallait que je sorte, que je m’exile de la poussière, du plâtre, du bordel que nécessite un appartement peint de frais. Et je me languis. Et je m’abat. Je pleure. J’ai les tempes qui cognent. 
Laisser le temps faire son ouvrage. Attendre. La poussière finira par retomber, avalée, l’aspirateur passera. En attendant, il pleut, je suis exilée, les tempes cognent. Je suis seule. Je dois me ménager, respirer, lentement, apprendre la patience, sinon, c’est mon amour que je perds. Qui s’envolera. Et mon amour ne pourra plus me consoler. Car j’aime. Oui, j’aime. Et mon amour ne tolère pas les drames, les cris, le stress. Mais, mon amour, la vie parfois s’effondre sur nous, elle nous étourdit, j’ai besoin de reprendre mes esprits. Assommée. Besoin de recul. tu peux m’aider mon amour, tes mots à toi, même entendus mille fois déjà, tes mots à toi pèsent plus lourd. N’aies pas peur de les dire ces mots, ils ne sont pas vains. Chuchote-les moi à l’oreille, là, tout bas, tes lèvres contre mon cou. Si je n’entends pas, ne te fâche pas mon amour, répète-les moi plus fort ces mots que j’ai tant besoin d’entendre. Ne perds pas patience mon amour, crie-les moi ces mots, hurle-les moi, crache-les moi s’il le faut, il n’y a que de toi que je les entendrai. Prends patience mon coeur. Tu es plus patient que moi. Il n’y a que de toi que je puisse apprendre. 

J’avancerai. J’écouterai. J’apprendrai. J’apprends. Avec toi. Jour après jour mon amour. Oui. J’apprends. 


vendredi 28 octobre 2016

Sujet de composition: un boulevard parisien vers 16 heures de l’après-midi.

Je marche seule sur le boulevard. Octobre. Les feuilles mortes jonchent les pavés, étouffent le claquement régulier de mes bottines. Il a plu ce matin. Des trombes. Les pavés qui ne sont pas enfouis de rousseur reluisent d’un nouvel éclat. La rue est déserte. Boulevard Haussmann est muet. Je suis la première dehors. Dans quelques heures à peine, les lampadaires s’illumineront, la nuit sera décorée de mille éclats chatoyants. La rousseur ternie de cet instant sera chatoyante. Quelques badauds égarés viendront peut-être rappeler au boulevard que se sont des hommes qui l’ont bâti. Il est né des hommes et à 16 heures aujourd’hui, il s’en moque bien. Boulevard Haussmann tapissé de roux, sentant la pluie, l’herbe grasse, la terre riche, la poêlée de champignons que l’on dégustera ce soir, tous les deux. 

En cet instant, je suis seule. Je tiens à le rester. À vivre en esprit, tout en sensations si vives qu’elles me transpercent, vivre, revivre ce boulevard Haussmann désert que nous arpentions jadis main dans la main. T’en souvient-il? En ce temps-là, étions-nous amis? Étions-nous amants? Ou mieux encore, cet entre-deux adorable où les mots sont dérisoires. Nous étions. Quel souvenir! Si vif qu’il me hante encore. Ce boulevard que je revisite à chaque fois qu’il pleut et que ferme les yeux. Car, je me souviens que la pluie cessera, que je sortirai, que Haussmann embaumera la rousseur, l’herbe grasse et la terre riche, que tu viendras prendre ma main, que Haussmann s’illuminera pour nous. En cet instant, je suis seule et je vis en esprit ce boulevard Haussmann que je chéris, ce boulevard Haussmann que j’ai vu il y a un an, que j’ai revécu, qui m’a brisé le coeur. Haussmann désert en octobre, encore plus cruel aujourd’hui, puisque c’est de nouveau octobre et que tu n’es pas là.

J’ai regardé la pluie tomber hier, j’ai regardé la pluie tomber, je me suis souvenu. Je me suis souvenu qu’il y a un an, j’ai aimé. Boulevard Haussmann. J’ai marché. Après la pluie. J’ai toujours aimé la rousseur. C’est ta chevelure que je retrouve jonchée au sol, éparpillée comme sur autant de coussins. 

Octobre. 


mardi 27 septembre 2016

"Un cappuccino pour Mademoiselle."

 « Un cappuccino pour Mademoiselle. » 

Ai-je donc une parcelle de ce charme féminin qui m’obsède tant? 

J’aime être seule, de cette solitude qui se veut discrète et qui, par le fait même, s’étale avec grâce aux yeux de tous. La beauté simple, vraie, sans artifice. La beauté de la jeunesse suspendue qui repousse vainement l’heure où il lui faudra se faner. Et je fane déjà pourtant. Je le sens. Je le sais. Je ne suis pas belle. Je suis jeune. Je connais ma fragilité. La fragilité de la jeunesse. Cela me rend charmante. Du moins, j’ose le croire. 

Je ne suis pas pressée. Je ne suis pas mariée. On pourrait presque croire…une jeune fille encore. Mon assurance me trahit. J’ai l’assurance d’une femme. Les gestes. Le regard me trahit. Je ne suis plus une jeune fille. 

Est-ce que je serai là encore dites-moi? À trente ans. Dans cinq ans…Pas pressée. Pas mariée. À me faire offrir un café puisque, c’est bien connu, on offre toujours des choses aux jolies femmes. Aux jolies filles. Je ne suis pas jolie pourtant. Alors quoi? Cette assurance toute construite d’artifices?… Cette assurance des gestes, cet aplomb dans le regard, presque gentiment effronté, ces mirages séducteurs appris puis décalqués, ces gestes qui ne sont pas les miens, serait-ce donc cela? 

Une main de femme, élégante, raffinée, quelques taches peut-être ici et là, à peine perceptibles, des taches qui bruniront, s’élargiront, finiront pas l’engloutir cette main qui trace des lignes inégales sur du papier ligné. Cette main qui porte une tasse à ces lèvres. 


« Un cappuccino pour Mademoiselle. »



by Robert Mapplethorpe

jeudi 16 juin 2016

Ô douces effluves de la lessive

La mélancolie des douces effluves de la lessive. 

Ô douces effluves de la lessive, votre parfum embaumant acère mes lointains souvenirs. 

Un autre Sud s’étendait alors devant moi. 

L’érable a remplacé le thym. 

Le linge d’une blancheur immaculée, éclatant royalement au soleil était jour de fête répété. 

Des bras tannés, transpirant d’huile d’olive vous battaient de fouets violets. 

Ah…ma lavande…

Au son de l’entraînant chant des cigales vous voguiez dans la mistral, ô douces effluves de la lessive. 

Votre mélancolie est chère à mon coeur.

Vos pieds foulaient des paniers d’osier regorgeant d’épices fines, d’oeillets et de mimosas. 

Là, non loin, vous riiez des tintements des verres levés à la mer, emplis de liqueur d’or. 

Ô douces effluves de la lessive, le beau temps vous rappelle à mes souvenirs.


Et je souviens qu’un jour, se sont dans mes bras dorés, du haut de votre corde, que vous tombiez dans une cascade de rires. 


lundi 18 avril 2016

Oisiveté

Soleil. Un peu de baume au coeur, J’ai envie de prendre toutes les heures qui restent, me les approprier. Faire quelque chose mien. Résister à ma façon. Oublier tout ce qui n’est pas moi pour quelques heures, quelques si petites heures. J’y voyagerai dans mes yeux où la lumière pénètre doucement y faisant des soleils d’ambre. Oublier pour mieux me souvenir. Oublier même que je t’aime…peut-être. Oublier les mots fragiles, me fracasser contre la réalité du moi que j’ai trop reléguée derrière de vaines paroles. 
Repenser à tous ceux que j’ai serrés contre mon coeur, qui sont si loin déjà…le tragique est si loin. Il me manque un peu. Je m’ennuie sans lui, ou suis-je simplement aux confins trop confortable du bonheur? 
Heureuse? Je ne sais. Je ne veux plus savoir. Assez. Je ne veux que le soleil qui tanne ma peau, la mer au loin qui danse, quelques oiseaux aussi pour les couleurs et les chansons. Assez les bras plus puissants que les miens. Assez les pleurs amers. Assez la nostalgie de mes amours mortes. Je veux être seule. Je veux être seule. Je veux être seule. Encore des mots. Je pense bien ne jamais les avoir pensés. Pas vraiment. 
Je veux être seule. 
Pas longtemps. Mais juste un petit peu, comme ça, pour essayer. 
J’oserai dire être seule pour le plaisir. 
Pour le plaisir.
Qu’ai-je fait dans ma vie pour le plaisir? Rien que pour le plaisir? Ai-je fait l’amour rien que pour le plaisir? Sans arrière pensée de domination, de manipulation, de tentative désespérée de le retenir encore un peu? Ai-je bu pour le plaisir? Sans me griser, seulement pour la beauté du corps pourpre? 

Pour le plaisir, j’ai joué, j’ai lu, j’ai été transportée. Par des écrits toujours. Par des hommes. Non. Par les écrits des hommes. Les mots écrits me bouleversent bien plus que les paroles. Alors…pourquoi quand tu as murmuré « je t’aime » mon souffle s’est-il arrêté? Ah mais oui, c’est vrai, je ne dois plus penser. Laissons cela aux heures de demain. Les heures d’aujourd’hui sont celles qui me restent. À mon corps et son oisiveté. 


vendredi 15 avril 2016

Il y a dix ans.

Je regarde en face, de l’autre côté de la rue se dresse l’église, froide, illuminée, sa flèche bien droite hérissée vers le ciel, repère. La porte s’est entrebâillée. Un badaud retardataire s’est glissé. Puis, plus rien. Que le vent, le soleil tranchant le bleu d’un toit immaculé. Il paraît que c’est le printemps. 
Je ne le sens ni dans mon coeur, ni sur ma peau. Le printemps aujourd’hui survit dans mes souvenirs. Leurs images, spectres mirifiques, se bousculent devant mes yeux, y font poindre des larmes et se nouent dans ma gorge. Je suis désolée, mais il ne me permettent pas de te voir. Mes yeux sont noyés de mimosas. Ceux que tu n’as jamais vus, toi qui est resté bien à l’Ouest, trop à l’Ouest. 
Les mimosas m’obsèdent, leur jaune, leur parfum qui se rehaussait du murmure de la mer, la scintillante, toute argentée, là, en-bas. En bas du village fourmillant de rumeurs, au pied des falaises escarpées peuplées d’arbres tortueux, recouverts de poussière d’or. Et cette langue, cette chanson, comme elle est lointaine, noyée de pastis et de saucissons, sur la petite place là-bas, au bout, au fond, sous les parasols Ricard délavés qui ont connu bien plus d’étés que nous. 
Ce qui me saute à la gorge, c’est ma jeunesse. Mais il me semble que je suis jeune…ne le suis déjà plus? Mes vingt-cinq ans approchent…et je suis nostalgique déjà. 

Aujourd’hui, plus particulièrement…10 avril, encore encabanés, ou frissonnants de l’air gelé sur nos joues, en ce 10 avril où, il y a une décennie déjà, les mimosas dansaient dans le vent chaud du Sud tandis que les voix chantantes me berçaient, là-bas, en haut des falaises, par-dessus la mer d’argent parcourue de voiles blanches, à l’Est, sur la petite place, en Provence, à Bormes. Il y a dix ans. 


mercredi 30 mars 2016

Bientôt

Quel est cet étrange sentiment qui m’habite et m’obsède? Pour le première fois, j’ai envie de vous parler de lui, de son odeur que je porte sur moi, de sa chemise sur ma peau que je ne veux plus quitter, de la peur de la perdre qui m’a étreint hier, qui m’a broyé le coeur et renversé le sang.
Je veux vous parler de cet homme que j’ai rencontré, que j’ai vu un jour comme ça, sans y penser, pour le retrouver plusieurs semaines plus tard, pour ne plus le quitter depuis. 
Je n’avais jamais laissé quelqu’un m’habiter ainsi. Jamais. Mon quotidien s’entr’ouvre pour lui. Ce quotidien, jadis si opaque, si secret, aujourd’hui, se dévoile, s’exhibe langoureusement pour Lui. 
Pourquoi? Pourquoi Lui? Pourquoi aujourd’hui alors que tous mes hiers demeuraient brumeux? Je me sens animale, sauvage, je me laisse caresser l’échine tout en restant prête à mordre. 
Lui. Je ne veux pas le mordre. C’est plus fort que moi. L’instinct. J’ai appris à mordre pour moins souffrir. Mais Lui…il m’apprivoise. Je le vois dans ses yeux, je l’entends dans sa voix, dans ses mains qui s’étendent sur moi, doucement, doucement, ne pas me brusquer. Comme je l’aime pour cela. Comme je me hais quand ma babine se retrousse et mes crocs qui étincèlent… J’aimerais tant pouvoir lui dire…lui dire…tout. Ma crainte, mon passé, mes blessures, ma tendresse, ma reconnaissance surtout. Lui dire. Mais cela…tout cela…il le sait. Il l’a senti, il l’a compris. Il n’a pas fui. Ça…je ne me l’explique pas. Il sait. Il reste. Oh…comme j’aimerais pouvoir le lui dire…Je sais qu’il a lu en moi, il a vu, il a su. Mais comme je voudrais que ma voix le lui murmure. Mais même cela, je ne puis. Pas encore. Bientôt. Bientôt je l’espère. Quand le soleil de mai finira de fondre la glace qui morcèle mon coeur. Je ne peux m’empêcher de douter. Lui. Sera-t-il assez patient? Mai est si proche. Si loin. 
J’arrive mon amour, j’arrive. Je suis là. Je suis là.


samedi 5 mars 2016

Dans la pénombre de la neige

J’écris et le temps semble s’être arrêté. La neige tombe. S’accumule. Je ne m’en lasse pas. Depuis plusieurs heures, le café est plongé dans la noirceur, seule la lumière diffuse de la neige nous illumine, semble irradier de chacun de nous. La tempête qui souffle là dehors, au pas de nos portes, m’empêche de penser à demain.
L’avenir a cessé d’exister. Il ne retient pourtant pas mon esprit de voyager dans un ailleurs. 
Toujours au présent.
Cette femme là-bas, tendue à sa fenêtre qui respire ses hortensias après l’extase. 
Cet enfant qui construit des châteaux en Espagne de ses mains nues. 
Ces hommes qui charrient des pierres en jurant tous les noms que bientôt d’autres appelleront maison.
La mer qui embrasse rageusement ces collines escarpées.
Je les vois tous ces présents d’ailleurs. 
Tandis que la neige tombe. Nous ensevelis.
Je n’ai jamais particulièrement aimé la neige. Trop de blancheur immaculée aveugle. Je lui ai préféré la garrigue, roche poreuse et toutes ses nuances de gris, bien plus sales, bien plus humains. La divine perfection de la neige m’effraie. 
Aujourd’hui pourtant, je la regarde virevolter, se moquer gentiment des scaphandres de laine qui tentent désespérément de la braver. 
Je souris. Elle m’amuse. Me rappelle qu’ailleurs existe, que les quotidiens sont aussi multiples que les âmes. 
Ailleurs existe, c’est ce qu’elle m’a appris.

Au présent, toujours au présent, je conjugue. 


lundi 29 février 2016

In vitro

Envie de solitude. De calme. De moi.

Je commence souvent mes textes par « envie ». L’envie est un sentiment qui m’obsède, me grise, me mène. Je suis la marionnette de l’envie, elle me manipule à sa guise. Je suis mes envies comme le Petit Poucet sa mie de pain. Elle est salvatrice. Alors oui, ce soir, j’ai envie de moi. De penser à moi, me chouchouter, me lover sous la couette et rêver aux jours lumineux qui se profilent à l’horizon.

J’ai envie de quiétude, de cet espace infini qu’on ne trouve qu’en soi. L’immensité du vide, je veux m’y noyer…tandis que la neige tombe et se change en mare boueuse sur le bord des routes.

Je me perds dans une montagne de coussins. Enterrée, et je n’ai pas envie que l’on me retrouve. Oublier. Oublier pour mieux se souvenir qu’un jour, on a été jeune, un jour, on a été con.


Les roses de ma boîte aux lettres se fanent, les amours mortes n’en ont pas fini de mourir. Eh oui. C’est la saison. Bientôt renaîtront au coeur de mes jupes trop courtes mes jambes trop longues. Et alors, seulement, lorsque le hâlé de miel reviendra, quand ta langue séchera sur ma peau à découvert, alors seulement, nous pourrons commencer à nous souvenir.


dimanche 14 février 2016

Colombe

Suis-je encore capable de parler d’amour? 

Je n’ai pas de mal à disserter sur la peine, la souffrance que l’amour ou son absence peut causer, mais qu’en est-il de l’amour dans son sentiment positif?
L’amour qui donne des ailes, des ailes de papillon, qui nous fait plus léger que l’air, nous fait voyager terres et mers, celui qui fait rire, tournoyer, rêver…puis-je encore en disserter?

J’ai écrit des lettres d’amour il y a bien longtemps…aujourd’hui que je voudrais me prêter de nouveau au jeu, les mots viennent à manquer. 
J’ai trop pleuré, je ne puis plus croire que ma bouche, jadis tordue par la douleur, puisse sourire, que ma bouche puisse embrasser par tendresse, et non plus pour retenir. Oh…tous les mots que je voudrais te dire…mais je ne sais plus. 
Je ne connais que la méfiance, je sais bien qu’elle te perdra. 
Ce n’est pas mauvaise volonté de ma part, mais tu comprends, j’ai tellement souffert.

Et puis, toutes ces raisons qui m’assaillent et que je ramasse à la pelle pour me défendre, me protéger de ton ardeur tranquille.
Toutes les raisons sont bonnes quand on aime.

Je me protège de moi-même car je sais ce que je puis faire par amour. Cela m’effraie. À peine remise en équilibre, me revoilà déjà prête à tomber.
Je lutte, mais combien de temps la colombe à l’aile démise peut-elle résister à la gravité qui la tire vers la terre? Je me questionne sur sa chute. Sera-t-elle abrupte? longue? grisante? La terre. Sera-t-elle gelée? recouverte d’une couche de pelouse fraîche? de feuilles mortes? Que trouvera-t-elle à l’arrivée? Je ne sais. Alors je vacille sur le courant. Ni au ciel, ni sur terre, ni en chute, ni en assise. 

Combien de temps saurai-je lutter?


Saurai-je te résister?


mercredi 10 février 2016

Des Roses

Aujourd’hui, j’ai reçu des fleurs.

J’ai descendu les marches raides qui conduisent à mon petit appartement, et elles étaient là, m’attendant, dans ma boîte aux lettres glacée, cinq roses aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Mon coeur s’est arrêté. 
Derrière les pétales saupoudrés de la petite neige de l’aurore, je distinguai une lettre. Trois lettres tracées au crayon. 
Je t’ai tout de suite reconnu.
Il n’y a que toi pour écrire mon nom comme cela.
Pas d’adresse. Pas de timbre.
Juste tes traces fraîches sur le perron. Tu étais parti, ne laissant que ces quelques fleurs derrière toi, que ces quelques lettres que je ne me suis pas empressée de lire. Je n’avais plus besoin de tes mots pour comprendre. 
Tu étais venu. Tu as agi.
Sur le quai bondé d’Henri-Bourassa de ce dimanche matin, parmi la foule trépignante qui scrutait le premier envol d’Azur, moi seule revivais notre premier envol.


Sur les rails, mon coeur se gonfle de pétales, les pétales de cinq roses aux couleurs de l’arc-en-ciel. 




dimanche 24 janvier 2016

Au chalet.

Au chalet, emmitouflée et grelottante. Une tasse de thé fumant peine à me réchauffer. 
La vue est spectaculaire. 
Une lumière si pure, si blanche. Le temps est suspendu. Une biche passe. Son petit la suit de plusieurs pas. Personne ne les traquera. Ils sont maîtres ici, avec seuls les astres qui régissent leur vie.
Le jour se lève, la nuit vient. 
Quel divin apaisement. Le thé a tiédi. La lune pleine baigne la lande d’une vie clarté bleutée. Elle nous souhaite la bonne nuit. 
Nous voici, au petit jour. Tous est rose. Tout est tendre. Le thé fume. 
Mon petit chien dort, lové sur mes genoux. 
Je frissonne. 
Je n’ai pas froid.
Mon regard caresse les arbres, des racines à la cime, et bénit ces géants qui lui survivront. 
La neige déroule son long manteau immaculé. Une mer de sable immuable. 
Un roseau oublié sur la rive renaîtra peut-être au printemps. Le thé tiédit.
Le jour se lève. La nuit vient. 



mardi 12 janvier 2016

École buissonnière

Café myriade. Encore. 

Cela me rappelle le début d’un poème, un autre qui n’aura pas vu le jour, au sens public du terme. Tant de choses ne naîtront pas en ce terme.

Je veux écrire. J’essaie d’écrire. 

J’ai vu « Jeune et Jolie » de François Ozon. 

Je ne sais pas trop pourquoi, c’est bête d’ailleurs, mais, je suis subjuguée par les françaises, certaines d’entre elles. Leurs charmes, leurs mystères, leurs audaces, leurs élégances. Leur sensualité aussi. 

Je me veux de ces Femmes. Je suis de ces Femmes. Je suis à moitié de ces Femmes. 

Nous sommes issues du même héritage. J’ai perdu cet héritage en cours de route. J’ai retrouvé une moitié perdue dans la neige. Je veux renouer avec cet héritage. Les concilier. 

Réconcilier.

Sortie de route. 

Perte de racines. Les retrouver. Les renouer. Bien solidement. 

Je suis une Femme. Je suis moi. 
Mais je ressens le besoin de m’inscrire dans quelque chose de plus grand. Je ne parle pas de rentrer dans une case. Me définir par un plus grand ensemble, quelque chose de plus grand que moi, ce à quoi j’aspire. 

Où sont ces Femmes qui me fascinent? Dans quels livres, quels films, quelles villes, quelles rues? 

Ces Femmes sublimes, ces Femmes maîtresses, ces Femmes-putes, ces Femmes savantes, toutes ces Femmes que je suis et que je ne suis pas?

On notera que je n’ai pas inclus les Femmes-mères.

Femme-mère. Le mot même ne se définit par lui-même. Femme ici ne se définit pas par ses qualités intrinsèques, mais par son lien, sa chaîne à un mot autre, un individu autre, extérieur à lui-même. 

J’essaie de me définir, de me connaître, hahaha, pardon, je me suis fait rire…Se connaît-on jamais? Enfin…
Je suis encore sur le Moi. Est-ce freudien? Je ne peux être l’autre.

Ces Femmes qui sont mères, ont-elles franchi le Moi ou l’ont-elles bafoué? Peut-on être mère sans avoir été Femme? 

Je ne crois pas que l’on naisse Femme. On le devient.
Tout comme personne ne naît Homme.
L’Humanité, tout comme la Féminité, est un apprentissage.

Beaucoup choisissent l’école buissonnière.  


mardi 5 janvier 2016

Bleu et blanc.

Rêver d’un ailleurs. Rêver d’un ailleurs où tout est blanc, tout est bleu. Où cette lumière diffuse se propage à travers les carreaux. Ces mêmes carreaux qui, hier encore, étaient constellés de givre. Les étoiles des glace danseraient dans mes fenêtres bleuies de gelée.

La blanc aura tout avalé. 
La petite table sur mon balcon où jadis, nous prenions le café.
Ces deux petites chaises en rotin où jadis, nous avons aimé le même champagne.
Cette rambarde de fer élégamment forgée, d’où, te souviens-tu, j’ai maintes fois voulu m’envoler.
Mes crocus, mes hortensias, les pots de grès où la lavande fleurissait.

Tout cela se recouvre d’un épais manteau immaculé. 

La terre est blanche. Le ciel est bleu. Mon coeur se repose dans la tiédeur. 

La fumée de nos cigarettes n’a pas survécu, elle s’en est allée, comme tous nos vices. La blanc et le bleu les ont lavés, emportés, rincés. Ne reste que la blanche lumière de janvier qui caresse les maisons de ses doigts fluets. Je respire. Les murs de mon appartement sont bleus, j’y distingue vaguement dans l’éblouissement, les contours de ce que j’y ai chéri. Des pages, des pages, des milliers de pages laissées vierges par les écrits envolés. Même l’encre pâlit devant janvier. Mon petit chien y est lové, au coeur de ces pages arrachées. Il se repose lui aussi.
Tout dort. Tout sourit.

Le café des tasses s’est bu. Lui survit la porcelaine éclatante d’où jaillit mon enfance, alors que le café m’était interdit. Les draps froissés trahissent l’insomnie de la veille. Comme tout cela semble loin aujourd’hui. 

Javellisés. 

La javel s’est couchée dans mes couvertures. Elle en a fait son nid. Ce soir, elle m’enveloppera, et dans la blancheur de la nuit, paisible enfin, je m’endormirai, la tête flouée du bleu de ma gratitude.

vendredi 1 janvier 2016

Rolling.

1er janvier 2016.

Je m’assois. J’écris. Je me contrains à écrire. Parce que que serai-je sans écrire? 

L’écriture s’exerce. 

Aujourd’hui, je veux parler de deuil, de départ, d’habitudes brisées, de cercles rompus, à rompre. 

Hier, alors que je regardais les feux s’illuminer au-dessus de l’eau noire, je tenais un homme par la main. Je ne pensais pas à l’homme, je ne pensais pas aux feux, ni même à la neige qui s’était glissée dans mes chaussures du réveillon. 
À quoi pensai-je alors? 

Je crois que l’espace d’un instant, je ne pensais pas. Suspendue. Une seconde. 
Puis la chute. J’ai senti des doigts enserrer les miens. Le froid m’a mordu la cheville. Les feux étaient morts. La foule s’est mise à glisser lentement le long des allées embourbée. Les klaxons entonnèrent un concert joyeux. Les voeux de bonne année fusaient de toutes parts. Je me laissai conduire. Je ne sais pourquoi, j’ai fait confiance à celui qui me menait. Une petite enfant suivant sans questionner la main de sa mère. Une petite poupée. 

Je me suis retrouvée dans sa voiture. Nous avons filé. Mais toujours, mon esprit se refusait à se poser sur l’instant présent. Je n’étais plus suspendue, mais secouée du passé au présent. À revoir mes 31 décembre défiler devant mes yeux, alors que ceux à venir se bousculaient à l’entrée de mon coeur. Que sera demain? Qu’ont été mes hiers? 

Aujourd’hui, j’écris. Bob Dylan joue à la radio. 

Like a rolling stone. No direction. 

Like a rolling stone. 

Je n’ai pas peur d’être perdue. Car seule la perdition amène la recherche. Alors je quête. Je quête des rencontres, des lectures, des écrits, des aventures, des flirts, et qui sait, des amours peut-être?

Je vis dans le deuil aujourd’hui. Le deuil des nouvels ans passés. Le deuil de ceux à venir. Le peu qui me restent. Le deuil d’un départ. Le départ d’un être cher qui se résigne à partir, elle d’ordinaire si friande d’inconnu. Je l’ai vue, si belle, les larmes pleins les yeux, me murmurer comme à elle-même « Je ne veux plus ». Elle ne voulait plus de ce départ, de ce déchirement qui allait la grandir, l’enrichir, l’embellir encore si tant soit-il que cela soit possible. Elle souffre pour son bien. 

Like a rolling stone.

Elle s’est laissée glisser dans un avion qui l’emporte loin de ses amours, plus près d’Elle. Je ne dit rien ici qu’elle ne sache. Mais sa détresse m’a bouleversée. Sa souffrance m’a touchée plus que je saurai dire. Sa souffrance est prix de son bonheur. 

No direction. 

J’ai envie de me pousser, de me repousser, de repousser mes habitudes, de chambouler mon univers, même si pour cela je dois souffrir. La souffrance peut être salvatrice. Pour le peu qui me reste, je veux tenter de me sauver. 

En chérissant mes proches, en écoutant, en me taisant, en réfléchissant davantage ou en ne réfléchissant pas, en écrivant, en lisant, en apprenant, en aimant. 

Like a rolling stone. A complete unknown. 

Essayer. Essayer de faire différemment. Juste pour voir. Juste pour vivre. 

When you got nothing you got nothing to loose. 


Et si je me perds, je me retrouverai bien un jour.