dimanche 11 décembre 2016

Réflexions de tempête


Après maintes souffrances et conjectures, je déguste un verre de vin blanc pour relaxer. J’ai tamisé les lumières, allumé les bougies. C’est féérique dehors. Les cloches de l’église tintent, la neige danse dans la lumière du lampadaire, les guirlandes scintillent. Magique. 
L’amour est cruel. Mon amour est cruel. Celui que je ressens, qui me fait vibrer. Je ne me sens vivante que par une certaine souffrance, j’en ressens davantage le plaisir par contraste. J’aime, je brûle, je brûle, je palpite, je me consume. Aucune demi-mesure. Le vent souffle, les flocons dansent allègres. Je ne sais pas si je suis heureuse, mais en cet instant précis, je suis en paix. Une quiétude, une tiédeur m’habite. Plus de souffrance, plus de questions. Rien que l’instant présent, même si ce n’est que pour un bref répit. Gainsbourg. Encore. Toujours. La nuit dernière, je rêvais que je lui faisais l’amour…Est-il possible que son esprit ait entendu l’appel du mien? Qu’en songe, il soit venu me visiter, il m’obsède tellement. 
Sea. Sex. And Sun. 
Mr Iceberg. 
Sensualité exacerbée. J’aime. Je sens. Je brûle. Je me consume, je palpite pour mon amant. La neige pleut sur mon décor. Recouvre la chaussée. Les voitures se font rares. Les paillettes multicolores flashent de l’autre côté de l’étendue immaculée. Les branches chétives ploient sous leur nouveau fardeau. On croirait à un soir de tempête. Si romantique. La froidure tombe tandis que le vin laisse une traînée de feu sur ma langue, le long de ma gorge jusqu’au creux de mes reins. J’attends mon amant. En buvant. En contemplant la folle danse des flocons, ces milliers d’orphelins gelés. Oh, comme j’oubliai les jouissances de décembre. Les papillons noirs. Qu’ils disparaissent à jamais. De mille feux les pierreries de ces femmes que j’imagine vouloir te séduire. Toutes griffes dehors. Les eaux troubles glissent, je me retrouve complètement noire. Alors je vois sur ma chemise fendue jusqu’au coeur un papillon noir. La basse me remue au ventre, le bas-ventre de ma noirceur. Les échos de la voix morte de Gainsbourg se mêlent à ceux grinçants de ma plume qui court sur le papier.
Un homme seul marche habillé comme à l’habitude, il erre dans la tempête, blanchi par les flocons. Sa solitude me transperce. Aujourd’hui, hier, demain, été, automne, hiver. Toujours la même solitude qui passe infatigable sous mes fenêtres. Le disque s’effrite. Ma plume se lasse. Depuis combien d’années déjà est-elle ma compagne? 
Douze ans. Douze ans. J’avais treize ans. Comme ils semblent déjà bien loin mes treize ans. Se sont d’autres pages que je noircissais alors. Avec des stylos pailletés que je choisissais avec soin. Multicolores dans des cahiers tout aussi extravagants. Aujourd’hui, je préfère la discrétion, l’élégance du Moleskine et de la plume. 

Je dois mettre fin à mes rêveries. Voilà mon amant.   

Aucun commentaire:

Publier un commentaire