dimanche 24 janvier 2016

Au chalet.

Au chalet, emmitouflée et grelottante. Une tasse de thé fumant peine à me réchauffer. 
La vue est spectaculaire. 
Une lumière si pure, si blanche. Le temps est suspendu. Une biche passe. Son petit la suit de plusieurs pas. Personne ne les traquera. Ils sont maîtres ici, avec seuls les astres qui régissent leur vie.
Le jour se lève, la nuit vient. 
Quel divin apaisement. Le thé a tiédi. La lune pleine baigne la lande d’une vie clarté bleutée. Elle nous souhaite la bonne nuit. 
Nous voici, au petit jour. Tous est rose. Tout est tendre. Le thé fume. 
Mon petit chien dort, lové sur mes genoux. 
Je frissonne. 
Je n’ai pas froid.
Mon regard caresse les arbres, des racines à la cime, et bénit ces géants qui lui survivront. 
La neige déroule son long manteau immaculé. Une mer de sable immuable. 
Un roseau oublié sur la rive renaîtra peut-être au printemps. Le thé tiédit.
Le jour se lève. La nuit vient. 



mardi 12 janvier 2016

École buissonnière

Café myriade. Encore. 

Cela me rappelle le début d’un poème, un autre qui n’aura pas vu le jour, au sens public du terme. Tant de choses ne naîtront pas en ce terme.

Je veux écrire. J’essaie d’écrire. 

J’ai vu « Jeune et Jolie » de François Ozon. 

Je ne sais pas trop pourquoi, c’est bête d’ailleurs, mais, je suis subjuguée par les françaises, certaines d’entre elles. Leurs charmes, leurs mystères, leurs audaces, leurs élégances. Leur sensualité aussi. 

Je me veux de ces Femmes. Je suis de ces Femmes. Je suis à moitié de ces Femmes. 

Nous sommes issues du même héritage. J’ai perdu cet héritage en cours de route. J’ai retrouvé une moitié perdue dans la neige. Je veux renouer avec cet héritage. Les concilier. 

Réconcilier.

Sortie de route. 

Perte de racines. Les retrouver. Les renouer. Bien solidement. 

Je suis une Femme. Je suis moi. 
Mais je ressens le besoin de m’inscrire dans quelque chose de plus grand. Je ne parle pas de rentrer dans une case. Me définir par un plus grand ensemble, quelque chose de plus grand que moi, ce à quoi j’aspire. 

Où sont ces Femmes qui me fascinent? Dans quels livres, quels films, quelles villes, quelles rues? 

Ces Femmes sublimes, ces Femmes maîtresses, ces Femmes-putes, ces Femmes savantes, toutes ces Femmes que je suis et que je ne suis pas?

On notera que je n’ai pas inclus les Femmes-mères.

Femme-mère. Le mot même ne se définit par lui-même. Femme ici ne se définit pas par ses qualités intrinsèques, mais par son lien, sa chaîne à un mot autre, un individu autre, extérieur à lui-même. 

J’essaie de me définir, de me connaître, hahaha, pardon, je me suis fait rire…Se connaît-on jamais? Enfin…
Je suis encore sur le Moi. Est-ce freudien? Je ne peux être l’autre.

Ces Femmes qui sont mères, ont-elles franchi le Moi ou l’ont-elles bafoué? Peut-on être mère sans avoir été Femme? 

Je ne crois pas que l’on naisse Femme. On le devient.
Tout comme personne ne naît Homme.
L’Humanité, tout comme la Féminité, est un apprentissage.

Beaucoup choisissent l’école buissonnière.  


mardi 5 janvier 2016

Bleu et blanc.

Rêver d’un ailleurs. Rêver d’un ailleurs où tout est blanc, tout est bleu. Où cette lumière diffuse se propage à travers les carreaux. Ces mêmes carreaux qui, hier encore, étaient constellés de givre. Les étoiles des glace danseraient dans mes fenêtres bleuies de gelée.

La blanc aura tout avalé. 
La petite table sur mon balcon où jadis, nous prenions le café.
Ces deux petites chaises en rotin où jadis, nous avons aimé le même champagne.
Cette rambarde de fer élégamment forgée, d’où, te souviens-tu, j’ai maintes fois voulu m’envoler.
Mes crocus, mes hortensias, les pots de grès où la lavande fleurissait.

Tout cela se recouvre d’un épais manteau immaculé. 

La terre est blanche. Le ciel est bleu. Mon coeur se repose dans la tiédeur. 

La fumée de nos cigarettes n’a pas survécu, elle s’en est allée, comme tous nos vices. La blanc et le bleu les ont lavés, emportés, rincés. Ne reste que la blanche lumière de janvier qui caresse les maisons de ses doigts fluets. Je respire. Les murs de mon appartement sont bleus, j’y distingue vaguement dans l’éblouissement, les contours de ce que j’y ai chéri. Des pages, des pages, des milliers de pages laissées vierges par les écrits envolés. Même l’encre pâlit devant janvier. Mon petit chien y est lové, au coeur de ces pages arrachées. Il se repose lui aussi.
Tout dort. Tout sourit.

Le café des tasses s’est bu. Lui survit la porcelaine éclatante d’où jaillit mon enfance, alors que le café m’était interdit. Les draps froissés trahissent l’insomnie de la veille. Comme tout cela semble loin aujourd’hui. 

Javellisés. 

La javel s’est couchée dans mes couvertures. Elle en a fait son nid. Ce soir, elle m’enveloppera, et dans la blancheur de la nuit, paisible enfin, je m’endormirai, la tête flouée du bleu de ma gratitude.

vendredi 1 janvier 2016

Rolling.

1er janvier 2016.

Je m’assois. J’écris. Je me contrains à écrire. Parce que que serai-je sans écrire? 

L’écriture s’exerce. 

Aujourd’hui, je veux parler de deuil, de départ, d’habitudes brisées, de cercles rompus, à rompre. 

Hier, alors que je regardais les feux s’illuminer au-dessus de l’eau noire, je tenais un homme par la main. Je ne pensais pas à l’homme, je ne pensais pas aux feux, ni même à la neige qui s’était glissée dans mes chaussures du réveillon. 
À quoi pensai-je alors? 

Je crois que l’espace d’un instant, je ne pensais pas. Suspendue. Une seconde. 
Puis la chute. J’ai senti des doigts enserrer les miens. Le froid m’a mordu la cheville. Les feux étaient morts. La foule s’est mise à glisser lentement le long des allées embourbée. Les klaxons entonnèrent un concert joyeux. Les voeux de bonne année fusaient de toutes parts. Je me laissai conduire. Je ne sais pourquoi, j’ai fait confiance à celui qui me menait. Une petite enfant suivant sans questionner la main de sa mère. Une petite poupée. 

Je me suis retrouvée dans sa voiture. Nous avons filé. Mais toujours, mon esprit se refusait à se poser sur l’instant présent. Je n’étais plus suspendue, mais secouée du passé au présent. À revoir mes 31 décembre défiler devant mes yeux, alors que ceux à venir se bousculaient à l’entrée de mon coeur. Que sera demain? Qu’ont été mes hiers? 

Aujourd’hui, j’écris. Bob Dylan joue à la radio. 

Like a rolling stone. No direction. 

Like a rolling stone. 

Je n’ai pas peur d’être perdue. Car seule la perdition amène la recherche. Alors je quête. Je quête des rencontres, des lectures, des écrits, des aventures, des flirts, et qui sait, des amours peut-être?

Je vis dans le deuil aujourd’hui. Le deuil des nouvels ans passés. Le deuil de ceux à venir. Le peu qui me restent. Le deuil d’un départ. Le départ d’un être cher qui se résigne à partir, elle d’ordinaire si friande d’inconnu. Je l’ai vue, si belle, les larmes pleins les yeux, me murmurer comme à elle-même « Je ne veux plus ». Elle ne voulait plus de ce départ, de ce déchirement qui allait la grandir, l’enrichir, l’embellir encore si tant soit-il que cela soit possible. Elle souffre pour son bien. 

Like a rolling stone.

Elle s’est laissée glisser dans un avion qui l’emporte loin de ses amours, plus près d’Elle. Je ne dit rien ici qu’elle ne sache. Mais sa détresse m’a bouleversée. Sa souffrance m’a touchée plus que je saurai dire. Sa souffrance est prix de son bonheur. 

No direction. 

J’ai envie de me pousser, de me repousser, de repousser mes habitudes, de chambouler mon univers, même si pour cela je dois souffrir. La souffrance peut être salvatrice. Pour le peu qui me reste, je veux tenter de me sauver. 

En chérissant mes proches, en écoutant, en me taisant, en réfléchissant davantage ou en ne réfléchissant pas, en écrivant, en lisant, en apprenant, en aimant. 

Like a rolling stone. A complete unknown. 

Essayer. Essayer de faire différemment. Juste pour voir. Juste pour vivre. 

When you got nothing you got nothing to loose. 


Et si je me perds, je me retrouverai bien un jour.