mercredi 25 septembre 2013

Chronique aux hyperactifs.


C’est ici, au beau milieu d’un petit parc du bord de l’eau dans Ahuntsic, assise au soleil au pied d’un arbre, mon chien sagement couché à mes pieds dans les feuilles mortes, que je me mets à réfléchir sur ma vie. Cette phrase peut sonner creux et faussement philosophique, mais elle n’en est pas moins vraie.

 

Ma vie. Cette notion informe qui semble me glisser entres les doigts dès que je tente de la saisir. La vie, qu’est-ce? Aujourd’hui, c’était écrire sur mon second manuscrit après avoir déposé le premier à une cinquième maison d’édition dans la matinée. Et après? Qu’est ce que cela apporte? Où cela va-t-il me mener? Dans les scénarios les plus fous, à une carrière de jeune écrivain qui fut jadis une comédienne ratée? Soyons sérieux. Le titre est accrocheur, mais je ne suis pas Woody Allen, Colette ou même Stephen King. Oui, peut-être…

 

Mais je suis moi. Et moi aussi je vis ma vie. Égoïstement mienne. Le hic est là. Ma vie. Mes décisions. Mes choix. Mais que veux-je en faire? Et pourquoi? Dans quel but? Faut-il qu’il y ait un but? Je m’étourdis par ces farandoles de questions et te ferai grâce de mes états d’âme à toi cher lecteur. Qui que tu sois. Un temps soit peu que tu existes…

 

N’empêche. Le point soulevé est symbolique et crucial. Suis-je la seule à me sentir aux prises avec une époque qui ne me convient pas? Plus. Toujours plus. Depuis que je vis dans la métropole, je n’ai cesse de vouloir en sortir. Avis aux citadins invétérés, aucune attaque n’est ici dirigée contre vous. Je soulève le point. Ce mode de vie ne me convient pas. Il m’a fallu attendre une suite d’événements plus ou moins tragiques pour m’en rendre compte; et encore plus difficile : l’accepter. Je répète : cette quête effrénée ne me convient pas.

 

Non.

 

Je ne partirai pas en croisade. Vers quelle terre sainte? Le savez-vous vous-même? Cette course contre la montre pour aller où? La prochaine fois, il me faudra avoir le cran de questionner un de ces marathoniens, probablement en train de klaxonner un pauvre piéton aux réflexes douteux… Enfin.

 

Tout ça pour dire que depuis ma sortie d’école, je me suis retrouvée projetée dans un étau. Littéralement écrabouillée de pression sociale. « Il faut faire. » Faire. Faire. Faire. Accomplir. Diront les plus philanthropes. Je leur répondrai : « Mes chers, je débarque dans votre monde parce qu’il s’impose à moi. Je ne l’ai pas choisi. Pas plus que je ne le combat. J’accepte tant bien que mal certaines de ses règles dont je ne vois pas la raison d’être des trois-quarts… »

 

Mais, quand on me casse les pieds à me demander : « Que fais-tu maintenant dans la vie? » J’ai tout bonnement envie de rétorquer d’un grand sourire : « Dans la vie? Je veux être. »

 

Mais est-ce seulement encore permis?

 

Je serai hors-la-loi.

 

 

Eve Mangin.

Montréal, le 25 septembre 2013.

lundi 23 septembre 2013

Lettre d'automne


Ce que je vais entreprendre n’est pas aisé. Mais je ressens une pulsion, un besoin d’écrire incontrôlable qui me pousse vers toi, vers ces mots que je forme à la hâte sur du papier. Comme si j’avais peur qu’ils s’envolent avant que je parvienne à les saisir. Je ne sais pourquoi, mais cette verve se dirige vers toi, c’est à toi que je dois parler, écrire.

 

Pour te dire? Je tente de formuler ce qui me pèse, ce qui me fait le cœur gros. Oui, la vie de ces dernières semaines n’a pas été facile pour moi, comme je l’imagine pour toi aussi. Je me sens projetée vers l’avant à une vitesse prodigieuse. Je m’affole. J’ai la sensation que tout glisse entre mes mains; et peut-être est-ce cela qui fait mon malheur. J’ai besoin d’une pause. De ralentir, de me suspendre pour regarder et comprendre ce qui arrive. Je le redis. Tout m’échappe. Je m’épuise à courir, à tenter de rattraper je ne sais quoi. J’ai besoin de confort, de sécurité, d’un lieu où je vais pouvoir trouver la paix. La sérénité. La simplicité. Bien que cela semble ardu à atteindre, je veux m’y employer.

 

Sortir de mon cloître de Sainte-Thérèse m’a propulsée dans un monde à grande vitesse qui ne m’attire pas particulièrement. Je me souviens de Into the Wild que l’on a regardé ensemble. Et je me surprends à comprendre de plus en plus ce besoin de s’isoler de cette folie des villes ou du monde d’aujourd’hui. Crois-moi, je pense comprendre tes besoins d’évasion. J’ai les mêmes. Mais dans le présent, je les prends pour des désirs de t’éloigner de moi. Comme si je t’ennuyais ou que tu avais crainte d’être trop « installé » avec moi.

 

Je ne veux pas te retenir. Mon désir était, est, de partager avec toi. J’ai grandi seule. J’ai peu d’amis véritables. Ceux que j’ai me sont précieux et très éloignés de moi. Aujourd’hui, je t’ai toi. Aussi bien que m’as. Mais est-ce ce que tu désires? Pour des raisons que toi seul connais, tu peines à découvrir ce tu penses et ressens. Aujourd’hui, je ressens le besoin de m’ouvrir à toi. T’écrire. C’est comme cela que je me livre. J’ai envie de remettre les compteurs à zéro. De mettre cartes sur table. Alors, je t’écris. Si mon offre de partage t’interpelle, alors une grande part de mon bonheur est acquise. Simplement. Partager mes idées, mes craintes, mes joies, mes passions, mes projets. Je ne peux l’expliquer, mais c’est toi que je choisis. Que je veux serrer contre moi.

 

J’aimerais partir. Partir pour mieux me retrouver. Te retrouver. Partir ensemble? Profiter de la froideur de notre rencontre pour nos retrouvailles. Je veux te redécouvrir. Me redécouvrir. Bonne bouffe. Bon vin. Feu de foyer. Lac. Étoiles. Musique. Es-tu partant? Je ne veux pas savoir où tout cela va nous mener. Je veux juste entamer le voyage. À mon rythme, notre rythme. Plus paisible, plus pacifique. Se trouver l’un l’autre juste tels que nous sommes. Simplement. J’ai besoin de retrouver mon équilibre tranquillement. Préserver ce qu’il y a de bon.

 

J’espère ne pas t’avoir effrayé avec ces mots. J’avais l’envie d’écrire. Et là, devant le papier, voici ce qui m’est venu, spontanément. Je voulais te les offrir, comme ça, en touffes éparses, tels qu’ils se sont présentés dans mon esprit. J’ai lu récemment cette phrase : l’amour est infini. Et ça m’a donné envie d’aimer. Ne reste plus qu’un bon feu et une tasse de chocolat.

 

Le lundi 23 septembre 2013 à Trois-Rivières.