mardi 31 mars 2015

Bouffée


Fume-moi.

Cette âcreté au bout de tes doigts, c’est moi.

Cette envie irrésistible du soir qui t’oppresse le cœur, c’est moi.

Cette nausée qui te prend, c’est moi.

Cette haleine ocre, c’est moi.

Ta compagne et ta pire ennemie, c’est moi.

 

Fume-moi.

Ce mégot qui danse sur tes cheveux enfumés,

Ce désir d’étreindre et d’étouffer,

Cette pulsion de mort qui te fait vibrer,

Cette volute bleutée qui s’échappe de tes lèvres entrouvertes,

C’est moi.

 

Ton prolongement, ta finition, ton insignifiance,

C’est moi.

 

Le goût de ton café,

L’aigreur de ton vin,

L’insomnie de tes nuits,

La satisfaction soumise de tes réveils,

Tes pulsions,

Tes désirs,

Tes orgasmes,

C’est moi.

 

Moi.

Moi qui danse au bout de tes doigts.

Moi que tu jettes, aussitôt consumée

Aussitôt remplacée.

 

Fume-moi. Fume-moi.

Jusqu’à la lie.

Fume-moi.

Fume-moi.

Puis oublie-moi.