lundi 29 février 2016

In vitro

Envie de solitude. De calme. De moi.

Je commence souvent mes textes par « envie ». L’envie est un sentiment qui m’obsède, me grise, me mène. Je suis la marionnette de l’envie, elle me manipule à sa guise. Je suis mes envies comme le Petit Poucet sa mie de pain. Elle est salvatrice. Alors oui, ce soir, j’ai envie de moi. De penser à moi, me chouchouter, me lover sous la couette et rêver aux jours lumineux qui se profilent à l’horizon.

J’ai envie de quiétude, de cet espace infini qu’on ne trouve qu’en soi. L’immensité du vide, je veux m’y noyer…tandis que la neige tombe et se change en mare boueuse sur le bord des routes.

Je me perds dans une montagne de coussins. Enterrée, et je n’ai pas envie que l’on me retrouve. Oublier. Oublier pour mieux se souvenir qu’un jour, on a été jeune, un jour, on a été con.


Les roses de ma boîte aux lettres se fanent, les amours mortes n’en ont pas fini de mourir. Eh oui. C’est la saison. Bientôt renaîtront au coeur de mes jupes trop courtes mes jambes trop longues. Et alors, seulement, lorsque le hâlé de miel reviendra, quand ta langue séchera sur ma peau à découvert, alors seulement, nous pourrons commencer à nous souvenir.


dimanche 14 février 2016

Colombe

Suis-je encore capable de parler d’amour? 

Je n’ai pas de mal à disserter sur la peine, la souffrance que l’amour ou son absence peut causer, mais qu’en est-il de l’amour dans son sentiment positif?
L’amour qui donne des ailes, des ailes de papillon, qui nous fait plus léger que l’air, nous fait voyager terres et mers, celui qui fait rire, tournoyer, rêver…puis-je encore en disserter?

J’ai écrit des lettres d’amour il y a bien longtemps…aujourd’hui que je voudrais me prêter de nouveau au jeu, les mots viennent à manquer. 
J’ai trop pleuré, je ne puis plus croire que ma bouche, jadis tordue par la douleur, puisse sourire, que ma bouche puisse embrasser par tendresse, et non plus pour retenir. Oh…tous les mots que je voudrais te dire…mais je ne sais plus. 
Je ne connais que la méfiance, je sais bien qu’elle te perdra. 
Ce n’est pas mauvaise volonté de ma part, mais tu comprends, j’ai tellement souffert.

Et puis, toutes ces raisons qui m’assaillent et que je ramasse à la pelle pour me défendre, me protéger de ton ardeur tranquille.
Toutes les raisons sont bonnes quand on aime.

Je me protège de moi-même car je sais ce que je puis faire par amour. Cela m’effraie. À peine remise en équilibre, me revoilà déjà prête à tomber.
Je lutte, mais combien de temps la colombe à l’aile démise peut-elle résister à la gravité qui la tire vers la terre? Je me questionne sur sa chute. Sera-t-elle abrupte? longue? grisante? La terre. Sera-t-elle gelée? recouverte d’une couche de pelouse fraîche? de feuilles mortes? Que trouvera-t-elle à l’arrivée? Je ne sais. Alors je vacille sur le courant. Ni au ciel, ni sur terre, ni en chute, ni en assise. 

Combien de temps saurai-je lutter?


Saurai-je te résister?


mercredi 10 février 2016

Des Roses

Aujourd’hui, j’ai reçu des fleurs.

J’ai descendu les marches raides qui conduisent à mon petit appartement, et elles étaient là, m’attendant, dans ma boîte aux lettres glacée, cinq roses aux couleurs de l’arc-en-ciel.
Mon coeur s’est arrêté. 
Derrière les pétales saupoudrés de la petite neige de l’aurore, je distinguai une lettre. Trois lettres tracées au crayon. 
Je t’ai tout de suite reconnu.
Il n’y a que toi pour écrire mon nom comme cela.
Pas d’adresse. Pas de timbre.
Juste tes traces fraîches sur le perron. Tu étais parti, ne laissant que ces quelques fleurs derrière toi, que ces quelques lettres que je ne me suis pas empressée de lire. Je n’avais plus besoin de tes mots pour comprendre. 
Tu étais venu. Tu as agi.
Sur le quai bondé d’Henri-Bourassa de ce dimanche matin, parmi la foule trépignante qui scrutait le premier envol d’Azur, moi seule revivais notre premier envol.


Sur les rails, mon coeur se gonfle de pétales, les pétales de cinq roses aux couleurs de l’arc-en-ciel.