samedi 5 mars 2016

Dans la pénombre de la neige

J’écris et le temps semble s’être arrêté. La neige tombe. S’accumule. Je ne m’en lasse pas. Depuis plusieurs heures, le café est plongé dans la noirceur, seule la lumière diffuse de la neige nous illumine, semble irradier de chacun de nous. La tempête qui souffle là dehors, au pas de nos portes, m’empêche de penser à demain.
L’avenir a cessé d’exister. Il ne retient pourtant pas mon esprit de voyager dans un ailleurs. 
Toujours au présent.
Cette femme là-bas, tendue à sa fenêtre qui respire ses hortensias après l’extase. 
Cet enfant qui construit des châteaux en Espagne de ses mains nues. 
Ces hommes qui charrient des pierres en jurant tous les noms que bientôt d’autres appelleront maison.
La mer qui embrasse rageusement ces collines escarpées.
Je les vois tous ces présents d’ailleurs. 
Tandis que la neige tombe. Nous ensevelis.
Je n’ai jamais particulièrement aimé la neige. Trop de blancheur immaculée aveugle. Je lui ai préféré la garrigue, roche poreuse et toutes ses nuances de gris, bien plus sales, bien plus humains. La divine perfection de la neige m’effraie. 
Aujourd’hui pourtant, je la regarde virevolter, se moquer gentiment des scaphandres de laine qui tentent désespérément de la braver. 
Je souris. Elle m’amuse. Me rappelle qu’ailleurs existe, que les quotidiens sont aussi multiples que les âmes. 
Ailleurs existe, c’est ce qu’elle m’a appris.

Au présent, toujours au présent, je conjugue. 


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