mardi 27 septembre 2016

"Un cappuccino pour Mademoiselle."

 « Un cappuccino pour Mademoiselle. » 

Ai-je donc une parcelle de ce charme féminin qui m’obsède tant? 

J’aime être seule, de cette solitude qui se veut discrète et qui, par le fait même, s’étale avec grâce aux yeux de tous. La beauté simple, vraie, sans artifice. La beauté de la jeunesse suspendue qui repousse vainement l’heure où il lui faudra se faner. Et je fane déjà pourtant. Je le sens. Je le sais. Je ne suis pas belle. Je suis jeune. Je connais ma fragilité. La fragilité de la jeunesse. Cela me rend charmante. Du moins, j’ose le croire. 

Je ne suis pas pressée. Je ne suis pas mariée. On pourrait presque croire…une jeune fille encore. Mon assurance me trahit. J’ai l’assurance d’une femme. Les gestes. Le regard me trahit. Je ne suis plus une jeune fille. 

Est-ce que je serai là encore dites-moi? À trente ans. Dans cinq ans…Pas pressée. Pas mariée. À me faire offrir un café puisque, c’est bien connu, on offre toujours des choses aux jolies femmes. Aux jolies filles. Je ne suis pas jolie pourtant. Alors quoi? Cette assurance toute construite d’artifices?… Cette assurance des gestes, cet aplomb dans le regard, presque gentiment effronté, ces mirages séducteurs appris puis décalqués, ces gestes qui ne sont pas les miens, serait-ce donc cela? 

Une main de femme, élégante, raffinée, quelques taches peut-être ici et là, à peine perceptibles, des taches qui bruniront, s’élargiront, finiront pas l’engloutir cette main qui trace des lignes inégales sur du papier ligné. Cette main qui porte une tasse à ces lèvres. 


« Un cappuccino pour Mademoiselle. »



by Robert Mapplethorpe