vendredi 15 avril 2016

Il y a dix ans.

Je regarde en face, de l’autre côté de la rue se dresse l’église, froide, illuminée, sa flèche bien droite hérissée vers le ciel, repère. La porte s’est entrebâillée. Un badaud retardataire s’est glissé. Puis, plus rien. Que le vent, le soleil tranchant le bleu d’un toit immaculé. Il paraît que c’est le printemps. 
Je ne le sens ni dans mon coeur, ni sur ma peau. Le printemps aujourd’hui survit dans mes souvenirs. Leurs images, spectres mirifiques, se bousculent devant mes yeux, y font poindre des larmes et se nouent dans ma gorge. Je suis désolée, mais il ne me permettent pas de te voir. Mes yeux sont noyés de mimosas. Ceux que tu n’as jamais vus, toi qui est resté bien à l’Ouest, trop à l’Ouest. 
Les mimosas m’obsèdent, leur jaune, leur parfum qui se rehaussait du murmure de la mer, la scintillante, toute argentée, là, en-bas. En bas du village fourmillant de rumeurs, au pied des falaises escarpées peuplées d’arbres tortueux, recouverts de poussière d’or. Et cette langue, cette chanson, comme elle est lointaine, noyée de pastis et de saucissons, sur la petite place là-bas, au bout, au fond, sous les parasols Ricard délavés qui ont connu bien plus d’étés que nous. 
Ce qui me saute à la gorge, c’est ma jeunesse. Mais il me semble que je suis jeune…ne le suis déjà plus? Mes vingt-cinq ans approchent…et je suis nostalgique déjà. 

Aujourd’hui, plus particulièrement…10 avril, encore encabanés, ou frissonnants de l’air gelé sur nos joues, en ce 10 avril où, il y a une décennie déjà, les mimosas dansaient dans le vent chaud du Sud tandis que les voix chantantes me berçaient, là-bas, en haut des falaises, par-dessus la mer d’argent parcourue de voiles blanches, à l’Est, sur la petite place, en Provence, à Bormes. Il y a dix ans. 


Aucun commentaire:

Publier un commentaire