Volutes bleutées.
Un corps nu vêtu de voiles déambule sur la dune.
Un clic.
Une flammèche surgit dans l’ombre argent de la lune.
Cigarettes. Menthol. Light.
Des lèvres roses tirent, sucent, lèchent.
La brise tiède, coquine, dévoile le galbe d’une hanche
irisée.
Voiles noires.
L’horizon se pare. Mille et une nuits. Les mats et les
coques craquent.
Mon cœur se serre mon amour. Du haut des dunes, regard de
marbre.
Le petit pied fin glisse. Marée de sable blond, la blancheur
de ma peau s’engorge de sucre rêche.
Les voiles se gonflent. Mon linceul m’étouffe à travers la
fumée de mes yeux.
Nue.
Sale de blancheur immaculée, ma poitrine se soulève au
rythme du gouvernail qui gémit là-bas, entre maints bras plus puissants que les
miens, eux, qui n’ont pas su te retenir.
Effluves d’orangers. Les lys que je porte contre mon sein
embaument l’air opaque de la Nuit. Mon souffle haletant les soulève, houle de
ma chair.
Mes jambes sont mortes, bordées par de milliers de
minuscules grains blonds.
Sens-moi. Délecte-toi, délecte-moi de nos orangers. Se sont
les nôtres.
Reviens-moi mon amour. Reviens-moi. Ôte les soies qui
m’oppressent, m’étouffent. Déchire mes parures. Souille-moi.
Menthol. Âcreté. Cendres.
Les voiles se gonflent. Ta gorge s’assèche-t-elle comme la
mienne se serre?
Un regard mon sombre amour. Une lance de tes yeux.
Transperce-moi. Lacère-moi. Regarde-moi.
Ah oui, j’oubliais, tu ne me connais pas.
Berce-moi ma dune, berce-moi. Je m’enveloppe de voiles.
Cigarette. Menthol.
Volutes bleutées.
Mes lèvres tirent. Sucent. Lèchent.
Toi. Tu baises.