mardi 5 janvier 2016

Bleu et blanc.

Rêver d’un ailleurs. Rêver d’un ailleurs où tout est blanc, tout est bleu. Où cette lumière diffuse se propage à travers les carreaux. Ces mêmes carreaux qui, hier encore, étaient constellés de givre. Les étoiles des glace danseraient dans mes fenêtres bleuies de gelée.

La blanc aura tout avalé. 
La petite table sur mon balcon où jadis, nous prenions le café.
Ces deux petites chaises en rotin où jadis, nous avons aimé le même champagne.
Cette rambarde de fer élégamment forgée, d’où, te souviens-tu, j’ai maintes fois voulu m’envoler.
Mes crocus, mes hortensias, les pots de grès où la lavande fleurissait.

Tout cela se recouvre d’un épais manteau immaculé. 

La terre est blanche. Le ciel est bleu. Mon coeur se repose dans la tiédeur. 

La fumée de nos cigarettes n’a pas survécu, elle s’en est allée, comme tous nos vices. La blanc et le bleu les ont lavés, emportés, rincés. Ne reste que la blanche lumière de janvier qui caresse les maisons de ses doigts fluets. Je respire. Les murs de mon appartement sont bleus, j’y distingue vaguement dans l’éblouissement, les contours de ce que j’y ai chéri. Des pages, des pages, des milliers de pages laissées vierges par les écrits envolés. Même l’encre pâlit devant janvier. Mon petit chien y est lové, au coeur de ces pages arrachées. Il se repose lui aussi.
Tout dort. Tout sourit.

Le café des tasses s’est bu. Lui survit la porcelaine éclatante d’où jaillit mon enfance, alors que le café m’était interdit. Les draps froissés trahissent l’insomnie de la veille. Comme tout cela semble loin aujourd’hui. 

Javellisés. 

La javel s’est couchée dans mes couvertures. Elle en a fait son nid. Ce soir, elle m’enveloppera, et dans la blancheur de la nuit, paisible enfin, je m’endormirai, la tête flouée du bleu de ma gratitude.

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