mardi 1 décembre 2015

Transatlantique.

Au café. 
Il n’y a qu’à Paris que l’on a des cafés comme cela, où l’on s’engueule avec le serveur et que peu importe nos aptitudes à la joute, on en sortira défait et le serveur glorieux, insolent  au possible nous rapportera la commande qu’il aura dictée pour nous. Un café à Paris, c’est crème ou noisette. Je me suis sentie conne. Et si je ne veux ni l’un ni l’autre? Ici, tout est tranché, blanc ou noir, Parisien ou étranger, crème ou noisette. Point barre. C’est surement pour cela que les gens s’engueulent si souvent à tue-tête. Y’a pas de gêne. Si je gueule, je suis. Descartes remix. Ah…c’est beau Paris…Le charme de l’insolence. Mon charme. Ici, je suis étrangère, je suis native. Comme partout. Je suis la caméléon de la faune parisienne. Montréal, Paris. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Est-ce que cela a de l’importance? J’ai cessé de vouloir savoir. Savoir à tout prix. Maintenant, c’est la longue route de l’acceptation. Accepter que ce petit ton supérieur, voire arrogant, je m’en excuse, est le mien. Que ce côté tranché et passionné à la fois, c’est le mien. Ces airs minauds, ces gestes étudiés, ce langage choisi, enjolivés, cette grâce du corps, c’est la mienne. Cette joie de vivre aussi, cette simplicité, cette générosité, ce coeur des gens du Nord, c’est la mienne aussi. Pourquoi trancher? 
Je suis à Paris. Après des années. Et aujourd’hui enfin, je veux concilier. Je suis transatlantique. Je ne veux pas choisir. Je suis un enfant de l’amour. Un enfant du hasard, un enfant désiré. Je suis belle parce que les mélanges font de beaux enfants. Le chemin de la conciliation passe par Paris. À Paris je suis. À Paris je rêve de Montréal, des décorations de la rue Saint-Denis, de la petite neige qui va tomber doucement sur nos têtes nues. À Montréal, je rêve d’art, de ruelles pavées, d’histoire, de siècles qui manquent à mon jeune pays fleur de lysé. Concilier. Voyager. Là est la réponse. Cesser de choisir. 
Je ne veux pas choisir. 
La société te demande un lieu de naissance, une appartenance, une famille, un nom qui a des racines. J’en ai deux. Deux passeports. Un arbres aux racines doubles. Transatlantique. La force me vient de mes deux sources. Deux racines. Alors, ne me demandez pas de choisir. Vous me voyez étrangère partout. Je suis chez moi partout. 
Ces rues pavées, cette Sainte-Catherine, cette Notre-Dame, ces Quai des Brumes, ces Champs-Élysées sont miens. J’y suis chez moi. La couleur de mon langage est reflet de mon âme tricolore surmontée d’une fleur blanche immaculée. Ma langue est ce que je suis. Je suis fière de mes pays, je suis fière de ma famille. C’est la toute première fois que je l’écris. 

Vous êtes ce que j’ai de plus cher. Racines transatlantiques, je vous réconcilie enfin.   


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