dimanche 20 décembre 2015

À ma soeur


Je suis un peu en retard, je le sais ma chérie, mais tu as eu vingt-quatre ans il y a quelques jours, et aujourd’hui, je voulais te dire…oh mon dieu…te dire…
Y a-t-il quelque chose que tu ne sais pas, toi, ma cadette de quelques semaines à peine?

Je t’ai quittée un 8 décembre au petit matin, les larmes plein les yeux, le coeur dans la gorge et des papillons plein les veines. Je te revois encore, mon ange, les yeux bouffis de sommeil, tu avais tenu à te réveiller pour moi. Je sais combien le réveil t’es pénible. Petites encore, quand nous partagions le même lit, tu dormais à poings fermés tandis que moi, je remuais à peine pour ne pas déranger tes paisibles rêves, en maudissant silencieusement ce gène du sommeil dont tu as hérité…pas moi, évidemment. 

Les années ont passé, nous avons grandi, moi plus que toi, pour faire changement. Les kilomètres entre nous se sont multipliés, l’amour s’est décuplé, fort des années, des secrets, des drames et des fous rires partagés. Parce que oui ma chérie, tu me fais rire, encore et toujours, bien plus fort que n’importe qui. 

Je me rappellerais toujours cette insolence suprême, cette bouteille de champagne que je t’avais offerte en avance, celle-là même que nous avons bu dans des coupes de plastique dans un lavoton du 8e. Le summum du snobisme. Snob, tu ne l’es pas. Cette qualité, c’est la mienne, tu m’as appris à en rire, comme tu ris de tout. 

Je te l’ai dit à la brasserie, tu t’en souviens? Je le répète ici, parce que c’est les Fêtes, et que j’ai loupé Thanksgiving. Donc, je te remercie maintenant…fuck les calendriers. 

Merci de m’avoir vue il y a dix-sept ans, alors que les autres étaient aveugles. Merci de m’avoir écoutée quand les autres étaient sourds. Tu as su voir ce que je ne voyais pas moi-même. Tu as vu une petite fille qui ne voulait qu’aimer, qui ne savais pas comment, qui a encore bien du mal aujourd’hui. Je suis sur la bonne voie, t’inquiète…Mais surtout, merci de m’avoir appris que j’avais une voix. Une voix propre. Une voix qui sait dire non, qui sait dire oui, qui sait dire des « je t’aime » et des « allez-vous-faire-foutre ». Une voix à qui tu as appris à dire : « Je suis ». 

Tu m’as donné mon plus beau cadeau mon ange, celui que je chéris depuis dix-sept années, déjà…j’écris… la petite sentimentale que je suis à les larmes qui montent et je souris en t’entendant me dire: « ben alors…faut pas pleurer bichette » Comme toi seule sais me le dire, en te moquant doucement. 
Donc, ce plus beau cadeau mon coeur, dix-sept hivers plus tard, c’est aujourd’hui que ma voix prend le courage de te le dire, de te l’écrire. 

« Merci ma biche, de m’avoir fait comprendre que moi aussi, je peux être. Grâce à toi, j’ai commencé à ne plus avoir honte de moi, d’être enfin à même de dire tout haut ’oui, je suis là, je suis moi.’ »

Joyeux anniversaire et Joyeux Noël ma tendre, ma douce, ma soeur. 


À nos dix-sept années à venir.

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