mardi 15 décembre 2015

Des Rencontres

DES RENCONTRES

Je reviens de voyage, si tant est que l’on peut qualifier de voyage le retour à la « maison », au pays qui m’a vue grandir et que je chéris. Ne sortons pas les mouchoirs. Passons. 
Le voyage, surtout en solo, est la porte des rencontres. Il serait erroné de dire que je prends des risques ici. J’ai mon appart, mon chien, mes potes, mon job, ma routine, et vous savez quoi, le trois-quarts du temps, ça me convient très bien ainsi. Je ne prends pas de risque. Je ne vais pas accoster le mec qui a l’air perdu au coin de Sainte-Catherine et De La Montagne. Je ne vais peut-être pas engager la conversation avec ce brun qui m’envoie des sourires équivoques à l’autre bout du wagon et que je lui rend discrètement par-dessous les paupières. Vous voyez le tableau. À la maison, dans notre ville, on connait son hood, on est plus ou moins casés et basta. 
Paris m’a mise sur la corde raide. Le déséquilibre. J’étais funambule, légère, sereine et angoissée à la fois, parce que là, kétaine ou pas, je sentais vraiment que tout était possible. Absolument tout pouvait m’arriver. J’ai rencontré des étudiantes, je me suis pris la tête avec des serveurs, j’ai échangé des numéros et ajouté des profils Facebook. Fun. Mais les vacances c’est fini depuis une semaine maintenant. 
Oui. Et non. Paris, le voyage, la simili-aventure en terrain connu, appelez l’expérience comme vous voudrez, elle m’a donné envie de prendre des risques, de sortir de mon cocon, aussi fragile soit-il. Alors, quand dimanche soir, au coin de Saint-Catherine et De La Montagne, quand un jeune homme qui, comme moi, attendait une date pas ponctuelle, m’a proposé en deux mots trop bien tournés d’attendre avec lui autour d’un café… J’ai souri. J’ai plongé. J’ai dit oui. 

Celui que nous appellerons Mathieu pour les besoins de la cause anonyme s’avère un type charmant, définitivement européen par sa verve et ses fringues…je parle même pas de ses pompes, elles l’ont trahi du trottoir d’en face quand je l’ai repéré sortant d’une boutique enguirlandée. Bref, en trente minutes, cet homme m’a fait confiance, il m’a acceptée pour moi, a partagé son intimité avec la petite blonde du coin de la rue, et je lui en suis extrêmement reconnaissante. Mathieu est un roman à lui seul. Perse, Parisien, Canadien d’adoption, Mathieu est surtout Montréalais. Mathieu est un individu extraordinaire. Je ne trahirais certes pas sa confiance ici en vous racontant son histoire, ce n’est pas le sujet de cet essai, mais cet homme m’a rappelé que jamais ne peut-on prétendre connaître qui est à nos côtés. Sur Sainte-Catherine, à Téhéran, Faubourg Saint-Honoré ou boulevard des Forges, il faut parfois juste prendre le risque de dire oui. Juste oui. Et voilà, des rencontres. Oui.  

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