mardi 3 février 2015

Marrakech


Volutes bleutées.

Un corps nu vêtu de voiles déambule sur la dune.

Un clic.

Une flammèche surgit dans l’ombre argent de la lune.

Cigarettes. Menthol. Light.

Des lèvres roses tirent, sucent, lèchent.

 

La brise tiède, coquine, dévoile le galbe d’une hanche irisée.

Voiles noires.

L’horizon se pare. Mille et une nuits. Les mats et les coques craquent.

 

Mon cœur se serre mon amour. Du haut des dunes, regard de marbre.

Le petit pied fin glisse. Marée de sable blond, la blancheur de ma peau s’engorge de sucre rêche.

 

Les voiles se gonflent. Mon linceul m’étouffe à travers la fumée de mes yeux.

Nue.

Sale de blancheur immaculée, ma poitrine se soulève au rythme du gouvernail qui gémit là-bas, entre maints bras plus puissants que les miens, eux, qui n’ont pas su te retenir.

 

Effluves d’orangers. Les lys que je porte contre mon sein embaument l’air opaque de la Nuit. Mon souffle haletant les soulève, houle de ma chair.

Mes jambes sont mortes, bordées par de milliers de minuscules grains blonds.

Sens-moi. Délecte-toi, délecte-moi de nos orangers. Se sont les nôtres.

 

Reviens-moi mon amour. Reviens-moi. Ôte les soies qui m’oppressent, m’étouffent. Déchire mes parures. Souille-moi.

 

Menthol. Âcreté. Cendres.

Les voiles se gonflent. Ta gorge s’assèche-t-elle comme la mienne se serre?

Un regard mon sombre amour. Une lance de tes yeux. Transperce-moi. Lacère-moi. Regarde-moi.

Ah oui, j’oubliais, tu ne me connais pas.

 

Berce-moi ma dune, berce-moi. Je m’enveloppe de voiles.

 

Cigarette. Menthol.

 

Volutes bleutées.

 

Mes lèvres tirent. Sucent. Lèchent.

 

Toi. Tu baises.

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