Ce que je vais entreprendre n’est pas aisé. Mais je ressens une pulsion,
un besoin d’écrire incontrôlable qui me pousse vers toi, vers ces mots que je
forme à la hâte sur du papier. Comme si j’avais peur qu’ils s’envolent avant
que je parvienne à les saisir. Je ne sais pourquoi, mais cette verve se dirige
vers toi, c’est à toi que je dois parler, écrire.
Pour te dire? Je tente de formuler ce qui me pèse, ce qui me fait le cœur
gros. Oui, la vie de ces dernières semaines n’a pas été facile pour moi, comme je
l’imagine pour toi aussi. Je me sens projetée vers l’avant à une vitesse
prodigieuse. Je m’affole. J’ai la sensation que tout glisse entre mes mains; et
peut-être est-ce cela qui fait mon malheur. J’ai besoin d’une pause. De
ralentir, de me suspendre pour regarder et comprendre ce qui arrive. Je le
redis. Tout m’échappe. Je m’épuise à courir, à tenter de rattraper je ne sais
quoi. J’ai besoin de confort, de sécurité, d’un lieu où je vais pouvoir trouver
la paix. La sérénité. La simplicité. Bien que cela semble ardu à atteindre, je
veux m’y employer.
Sortir de mon cloître de Sainte-Thérèse m’a propulsée dans un monde à
grande vitesse qui ne m’attire pas particulièrement. Je me souviens de Into the
Wild que l’on a regardé ensemble. Et je me surprends à comprendre de plus en
plus ce besoin de s’isoler de cette folie des villes ou du monde d’aujourd’hui.
Crois-moi, je pense comprendre tes besoins d’évasion. J’ai les mêmes. Mais dans
le présent, je les prends pour des désirs de t’éloigner de moi. Comme si je t’ennuyais
ou que tu avais crainte d’être trop « installé » avec moi.
Je ne veux pas te retenir. Mon désir était, est, de partager avec toi.
J’ai grandi seule. J’ai peu d’amis véritables. Ceux que j’ai me sont précieux
et très éloignés de moi. Aujourd’hui, je t’ai toi. Aussi bien que m’as. Mais
est-ce ce que tu désires? Pour des raisons que toi seul connais, tu peines à
découvrir ce tu penses et ressens. Aujourd’hui, je ressens le besoin de
m’ouvrir à toi. T’écrire. C’est comme cela que je me livre. J’ai envie de
remettre les compteurs à zéro. De mettre cartes sur table. Alors, je t’écris.
Si mon offre de partage t’interpelle, alors une grande part de mon bonheur est
acquise. Simplement. Partager mes idées, mes craintes, mes joies, mes passions,
mes projets. Je ne peux l’expliquer, mais c’est toi que je choisis. Que je veux
serrer contre moi.
J’aimerais partir. Partir pour mieux me retrouver. Te retrouver. Partir
ensemble? Profiter de la froideur de notre rencontre pour nos retrouvailles. Je
veux te redécouvrir. Me redécouvrir. Bonne bouffe. Bon vin. Feu de foyer. Lac.
Étoiles. Musique. Es-tu partant? Je ne veux pas savoir où tout cela va nous
mener. Je veux juste entamer le voyage. À mon rythme, notre rythme. Plus
paisible, plus pacifique. Se trouver l’un l’autre juste tels que nous sommes.
Simplement. J’ai besoin de retrouver mon équilibre tranquillement. Préserver ce
qu’il y a de bon.
J’espère ne pas t’avoir effrayé avec ces mots. J’avais l’envie d’écrire.
Et là, devant le papier, voici ce qui m’est venu, spontanément. Je voulais te
les offrir, comme ça, en touffes éparses, tels qu’ils se sont présentés dans
mon esprit. J’ai lu récemment cette phrase : l’amour est infini. Et ça m’a
donné envie d’aimer. Ne reste plus qu’un bon feu et une tasse de chocolat.
Le lundi 23 septembre 2013 à
Trois-Rivières.
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