mercredi 3 juillet 2013

Extrait du prologue SCONES.CYRANO.MONTRÉAL.


Scones, Cyrano, Montréal

De

Eve Mangin

  

© Eve Mangin, 2011  

 

A France et Miles,

Sans qui ce conte de fée serait resté dans l’oubli du « ce qui aurait pu arriver ». Une étincelle, si petite soit-elle, suivi à enflammer un brasier.
Merci infiniment.



PROLOGUE
[extrait]
 

Octobre 2011, 7h45, petit matin bien gris à Montréal. Un petit matin d’orage, avec tout ce qu’il a de plus charmant. La pluie qui martèle les vitres, le murmure du vent qui passe par le châssis des fenêtres mal isolées, les lampadaires encore jaune-orange qui se découpent à travers les arbres. Il y a quelque chose de magique dans ces automnes québécois. L’odeur du froid, bien différente de celle de février qui vous transperce les os, une fraîcheur douce encore, presque amicale, qui vient seulement enrouler un pull de laine sur nos épaules, pour y créer un petit cocon de bien-être. Le nez dans l’embrasure de la porte du balcon, un thé fumant à la main, je me dis que cette journée va être mémorable. Oui, je veux qu’elle le soit. C’est ce que je veux me dire tous les matins de ma vie, en tout cas, tant que j’en ai besoin, tant que je sentirai qu’il faut que je tienne le coup, que je tienne le coup jusqu’à ce qu’il arrive. Mais en attendant ce jour-là, ce 26 décembre où, au lieu de me ruer dans les magasins comme des milliers d’autres à travers le monde pour dénicher les aubaines du siècle, je vais être dans le hall des arrivées à Pierre-Elliot Trudeau. Le cœur battant, les yeux brillants, et mon être en joie devant ce cadeau de Noël extraordinaire, peut-être le plus merveilleux que je n’aurai jamais eu.

 
Mais avant décembre, il y a novembre, avec notre Tennessee Williams, «La Chatte sur un toit brûlant», octobre avec ses répétitions, ses soirées de financement pour un stage encore inconnu, et toutes ses fêtes costumées qui se préparent…Aujourd’hui, journée physique de la semaine : six heures de cours de combat scénique! Présentation et examen sur un extrait de Brecht au programme. Les bleus sur ma main droite témoignent d’eux-mêmes de nos répétitions intensives de cette semaine. On verra bien. On s’amuse, on joue. Alors comment tout cela peut-il être pénible? Ce soir : inauguration des nouvelles Écuries, théâtre dédié à la création, aux nouveaux auteurs, qui s’est payé des rénovations monstres, et célèbre sa renaissance par 24 heures de festivités sans interruption aucune. Festivités où, parmi d’autres étudiants des écoles, je vais participer en tant que modèle d’un Musée de Cire. Le tout-théâtre de Montréal y est convié…je vous laisse imaginer…En passant, les organisateurs ne sont absolument pas certains qu’ils auront assez d’électricité dans la bâtisse pour tenir jusqu’à demain matin...échafaudages, toiles de plastique et poussière à volonté seront les premiers invités. Vive le théâtre bohème! Mais au fond de moi, je pense toujours à tenir le coup. Rien qu’à tenir le coup.

© Eve Mangin, 2011  

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