vendredi 6 janvier 2017

Transcendance.

Prendre son courage à deux mains. 
Prendre son courage à deux mains. 
Écrire. Parler. Oser. 
Oser risquer. Oser plonger. Oser tendre la main, effleurer son rêve du bout des doigts. Je ne mentirai pas. J’ai peur. 
J’ai peur de ne rien faire. J’ai peur de ne pas réussir. J’ai peur d’être ridicule. J’ai peur d’être audacieuse. 
Pourtant, quelque chose gronde en moi. Quelque chose de sourd, ça grandit, ça s’étend en moi. Je dois essayer. Je dois me jeter dans le vide. Je dois tendre la main, et tant pis si je suis ridicule. Tant pis si je tombe. Tant pis si je me casse. L’immanence ne m’apportera rien. Pas même le confort. La transcendance demande du courage, de la résolution. Je ne sais pas si j’en aurai suffisamment, mais il y a ce quelque chose qui gronde, qui grandit en moi. 
J’ai peur. Mais au fond, je n’ai peut-être pas si peut que ça. Personne ne m’a dit le chemin. Je le découvre, je bute, mais il y a ce rêve là-bas, pas si loin à vrai dire, je pourrais presque l’effleurer du bout des doigts. J’ai un peu moins peur maintenant. Le chemin de la transcendance s’ouvre. Il s’ouvre parce que j’ai choisi de quitter l’immanence. Tout changement est un risque, un jeu de dés. 
L’immanence est révolue. 

L’immanence est révolue. 


dimanche 11 décembre 2016

Réflexions de tempête


Après maintes souffrances et conjectures, je déguste un verre de vin blanc pour relaxer. J’ai tamisé les lumières, allumé les bougies. C’est féérique dehors. Les cloches de l’église tintent, la neige danse dans la lumière du lampadaire, les guirlandes scintillent. Magique. 
L’amour est cruel. Mon amour est cruel. Celui que je ressens, qui me fait vibrer. Je ne me sens vivante que par une certaine souffrance, j’en ressens davantage le plaisir par contraste. J’aime, je brûle, je brûle, je palpite, je me consume. Aucune demi-mesure. Le vent souffle, les flocons dansent allègres. Je ne sais pas si je suis heureuse, mais en cet instant précis, je suis en paix. Une quiétude, une tiédeur m’habite. Plus de souffrance, plus de questions. Rien que l’instant présent, même si ce n’est que pour un bref répit. Gainsbourg. Encore. Toujours. La nuit dernière, je rêvais que je lui faisais l’amour…Est-il possible que son esprit ait entendu l’appel du mien? Qu’en songe, il soit venu me visiter, il m’obsède tellement. 
Sea. Sex. And Sun. 
Mr Iceberg. 
Sensualité exacerbée. J’aime. Je sens. Je brûle. Je me consume, je palpite pour mon amant. La neige pleut sur mon décor. Recouvre la chaussée. Les voitures se font rares. Les paillettes multicolores flashent de l’autre côté de l’étendue immaculée. Les branches chétives ploient sous leur nouveau fardeau. On croirait à un soir de tempête. Si romantique. La froidure tombe tandis que le vin laisse une traînée de feu sur ma langue, le long de ma gorge jusqu’au creux de mes reins. J’attends mon amant. En buvant. En contemplant la folle danse des flocons, ces milliers d’orphelins gelés. Oh, comme j’oubliai les jouissances de décembre. Les papillons noirs. Qu’ils disparaissent à jamais. De mille feux les pierreries de ces femmes que j’imagine vouloir te séduire. Toutes griffes dehors. Les eaux troubles glissent, je me retrouve complètement noire. Alors je vois sur ma chemise fendue jusqu’au coeur un papillon noir. La basse me remue au ventre, le bas-ventre de ma noirceur. Les échos de la voix morte de Gainsbourg se mêlent à ceux grinçants de ma plume qui court sur le papier.
Un homme seul marche habillé comme à l’habitude, il erre dans la tempête, blanchi par les flocons. Sa solitude me transperce. Aujourd’hui, hier, demain, été, automne, hiver. Toujours la même solitude qui passe infatigable sous mes fenêtres. Le disque s’effrite. Ma plume se lasse. Depuis combien d’années déjà est-elle ma compagne? 
Douze ans. Douze ans. J’avais treize ans. Comme ils semblent déjà bien loin mes treize ans. Se sont d’autres pages que je noircissais alors. Avec des stylos pailletés que je choisissais avec soin. Multicolores dans des cahiers tout aussi extravagants. Aujourd’hui, je préfère la discrétion, l’élégance du Moleskine et de la plume. 

Je dois mettre fin à mes rêveries. Voilà mon amant.   

lundi 5 décembre 2016

Paris, mes amours


Te souvient-il de cet après-midi-là? J’étais au café, assise au fond de l’alcôve, à une petite table en marbre ronde, j’écrivais. Ta voix m’a tirée de ma rêverie.
« Un autre café mademoiselle? »
J’ai levé les yeux sur toi. Tu étais si beau, si jeune et si arrogant déjà. Ton air débonnaire, ta démarche assurée.
« Ça ira pour l’instant, merci.
Vous êtes certaine que je ne peux rien pour vous? »
Ce « vous » m’a pris au dépourvu, cette vieille élégance m’a sauté à la gorge. avec tes années de moins, tu t’es propulsé en mon maître. Par ce « vous » j’ai été tienne. Bien plus que ne l’as jamais soupçonné. T’en souvient-il? Nous avons parlé de rien, c’était déjà tout. Tu m’as parlé un peu d’elle, cette autre que j’ai de suite oubliée. Nous nous sommes donné rendez-vous le soir même. Notre première nuit blanche. Nous en aurons deux. Élégant, sobre, tu travaillais tant à me séduire; tu le dissimulais si bien. Oh comme ta main a vite trouvé le chemin de la mienne. Si naturellement, je ne me suis même pas défendue. On a écumé les bars. Tu y as flambé ta paie de la semaine. Tu t’en foutais. On a mangé à Montmartre. Y’avait des anglaises à côté. Tu les as pas vues. Cette nuit-là, y’en a eu que pour moi. 
On a été sages. On a été chastes. Tes lèvres ont frôlé les miennes. Galamment. Bonsoir. 
Je suis retournée à ton café. D’autres sont venus me faire leur cour. Tu as été jaloux. On a commencé à faire parler de nous. Je m’en foutais. On ne m’avait jamais courtisée à la française. Toujours en errance, je n’ai eu que des étrangers. J’ai redécouvert ma patrie en toi, les hommes que je lisais sont devenus tangibles, c’était leur main dans la mienne. Puis, le soir est venu. On a bu, on a dansé, tu m’as emmenée sur les quais, il était quatre heures du matin, t’en souvient-il? Les quais de la Seine illuminés en novembre, nos mains soudées. Comment ai-je fait pour te faire confiance? J’étais une enfant, je t’aurais suivi au bout du monde. Tu t’es contenté de ton appartement. Y’avait encore des cartons dans les coins. Tu venais d’emménager. Je me souviens encore des clameurs dans la ruelle, un deal se scellait. Ton canapé est devenu un lit. Je ne pensais pas à partir. J’étais perdue et retrouvée dans la nuit de Paris. Tu étais nu. Tu fumais comme un autre l’aurait fait en habit. Tu étais nu et tu fumais au lit. Je n’avais jamais rien vu de tel. Comment as-tu pu ignorer ton empire? Ton emprise. Tu aurais fait de moi tout ce qu’il te plaisais. Tu as exploré mon corps. Tu l’as parcouru de tes doigts agiles, de ta langue experte. Nous avons joui sans faire l’amour. Tu n’as pas osé. Tu as respecté quelque chose en moi. C’était ta première fois. Au matin, dans tes bras tu m’as serrée. Tu étais nu. Tu as fumé. Tu ne voulais pas me quitter. Tu m’as raccompagnée. C’était sortir d’un rêve. Lentement. Au rythme des stations du métro parisien. Au coin de la rue, dans le huitième, tu m’as embrassée. Tu es aller bosser. Je ne vous ai jamais revu mon flirt parisien. 
Bien à vous, 
Tendrement, 

E.